ChatGPT et emploi : la fin d’une ère?

ChatGPT peut écrire votre rapport, réussir votre examen, écrire un courriel à votre patron, faire le souper…

… Ah non, là il y a quand même une limite.

Si vous suivez un peu l’actualité, vous avez sûrement vu passer, il y a quelques semaines, des nouvelles concernant la sortie de ce robot conversationnel « miraculeux ».

N’étant pas très ferrée en technologie, j’ai tenté de voir ce que des analystes d’affaires et des sociologues pensaient de cet outil et de son influence probable sur le marché de l’emploi. Il y a déjà des années qu’on en parle et sans chercher à m’alarmer de façon irrationnelle, je pense qu’il est tout de même important de se tenir à jour sur le sujet et de se préparer aux changements possibles.

Dans son article « La vie après ChatGPT », Hugues Foltz, expert reconnu en intelligence artificielle/transformation numérique et collaborateur au magazine Les Affaires, décrit les nombreuses possibilités d’utilisations de l’AI et les gains pour les entreprises. Il y reconnaît aussi que le remplacement de certains emplois par cet outil est inévitable. Selon lui, on ne peut pas y échapper, qu’on soit pour ou contre, le processus est enclenché et cela fera partie de nos vies. Toutefois, il note que comme toutes innovations technologiques, ce robot a ses limites et il faudra beaucoup d’ajustements pour qu’il atteigne son plein potentiel. Cela nous laisse donc du temps pour s’adapter. Également, il nous rappelle qu’en travaillant avec des informations existantes, cette technologie est incapable de réelle créativité ou d’innovation. Ce qui laisse encore une grande place au travail humain tout en profitant de nouvelles possibilités.

Du côté de la sociologie, je n’ai rien trouvé qui date de cette année, mais un article très intéressant écrit par Emmanuel Delacour pour le magazine CScience datant de 2021, m’a éclairé sur cet aspect scientifique. Il y interviewait, Jean Bernier, professeur émérite associé au Département des relations industrielles de l’Université Laval, qui a dirigé la rédaction du livre « L’intelligence artificielle et les mondes du travail », avec la contribution d’une douzaine d’experts. Ce dernier disait voir dans l’intelligence artificielle, principalement une déshumanisation du monde du travail. Dans l’article, l’expert parlait de la disparition de certains emplois et des défis de la requalification de la main-d’œuvre : « Si un changement de carrière n’est pas envisageable (…), il faudra trouver d’autres solutions pour répondre à cette crise sociale », s’inquiétait M. Bernier. Il nomme comme solution, ce qu’on sait déjà depuis un bon moment, il est urgent d’accroître la littératie numérique des travailleurs, autrement nous créons des inégalités sociales profondes.

Nous avons donc d’un côté des gens qui y voient de belles possibilités et de l’autre, des gens qui s’inquiètent des abus et des inégalités.

Comme dans toutes questions sociales, il y a rarement une seule bonne réponse. Tout est beaucoup plus complexe.

Le monde du travail change, ça semble évident. Les emplois sont de plus en plus spécialisés, demandent davantage de connaissances et la capacité de s’adapter rapidement, puisque tout bouge plus vite qu’avant. Toutefois, l’humanité a déjà fait face à de gros changements en ce qui a trait au monde du travail. Force est de constater que nous nous sommes toujours adaptés.

Aussi inquiétante que puisse être la vision du futur dans le moment, nous savons que l’humain est un être ingénieux qui a besoin de trouver un sens à son existence. On peut donc penser que le monde se réorganisera, que les forces de travail se déploieront autrement, que les cerveaux se mettront en action et nous surprendrons, comme ils l’ont toujours fait.

 

Mon analyse sommaire de la situation me dit que c’est la fin d’une ère tout simplement.

 

Cynthia Brouillard

Conseillère en développement professionnel

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