Demandeurs d’asile à la recherche d’une vie meilleure

Si vous suivez un peu l’actualité, vous avez probablement remarqué que les demandeurs
d’asile faisaient couler beaucoup d’encre dernièrement.
J’ai voulu en parler dans ma chronique puisque c’est une clientèle que nous rencontrons
souvent à nos bureaux, mais qui malheureusement, n’a pas accès à nos services. C’est
une décision politique. On choisit comme société de ne pas financer l’aide à la
recherche d’emploi pour les gens qui viennent demander l’asile chez nous.

J’ai écrit, effacé, recommencé, lu d’autres articles, écrit encore… C’était difficile de
trouver le bon angle. C’est que, voyez-vous, c’est un sujet très délicat. Émotionnellement
et politiquement, et je ne peux pas prétendre maîtriser le sujet.
Je me suis alors rappelée qu’en cas de doute, c’est toujours mieux de partir de soi, parler
de ce qu’on connaît, de notre propre point de vue.
Alors voilà mes petits mots qui tentent de servir une grande cause : aider des humains en
détresse.

Il me serait impossible de donner un portrait type d’une personne qui demande l’asile, ils
ont tous des vies différentes, mais je peux dire que ceux que mes collègues et moi avons
rencontrés avaient des parcours qui sont lourds à porter. Être demandeurs d’asile n’est
pas un statut qu’on porte fièrement, en se disant qu’on a réussi à berner le système.
C’est un statut qui fait mal. Un statut qu’on porte comme un vêtement trop rigide sur une
peau couverte de cicatrices encore à vif.
Demander l’asile signifie fuir son pays. Et on le fait, parce que notre vie y est menacée.
Les raisons sont multiples, mais la guerre et le climat de violence sont récurrents.
D’emblée, on peut donc comprendre que ces gens, à qui l’on refuse notre aide et qu’on
tente de déplacer ailleurs au pays, ont fui une situation qu’on a de la difficulté à imaginer
tellement elle fait peur. Une situation pour laquelle nos prières supplient qu’elle ne nous
arrive jamais.
Quand ils peuvent, certains fuient par avion et arrivent directement ici. D’autres n’ont
pas cette option, ils empruntent alors des routes aussi dangereuses que la situation qu’ils
fuient.
Ces histoires sont parmi les pires que j’ai entendues.
Lorsque j’étais assise avec mon café et mes livres à l’université, essayant de me former
au mieux, pour être une intervenante sur laquelle mes clients pourraient s’appuyer, je ne
m’attendais pas à ce genre de témoignage. Cela ne faisait pas non plus partie du cursus
scolaire de nous former à recevoir des témoignages de traumatisme de guerre. Parce
que derrière les questions politiques, financières et autres, il y a ça; des histoires d’une
tristesse infinie.
Des proches assassinés, des viols, le manque de nourriture, d’eau, de soins, avec la peur
au ventre; toujours. Ces histoires, on les reçoit comme ça, un mardi après-midi, pendant
une rencontre pour préparer une entrevue. Parce que les mots qui étaient coincés dans
leurs cœurs ont trouvé un endroit sécuritaire pour se déposer.
Ce genre de témoignage, c’est un arrêt dans le temps. Une brèche par laquelle un
humain peut laisser une parcelle de son bagage sur les épaules d’un autre et se libérer
d’une partie de sa douleur.

Si j’écris cet article aujourd’hui, un de plus, parmi les nombreux qui l’ont déjà été sur le
sujet, c’est pour balancer le nombre qui en parle de façon froide et calculée.
C’est pour ajouter de l’humanité dans le débat, parce que c’est une question
profondément humaine.
Les gens qui portent le statut de demandeurs d’asile ont déjà vécu suffisamment
d’atrocité. Ils ont besoin de notre aide et de notre compassion. Sur le terrain, nous
ouvrons notre cœur pour accueillir ces histoires. Nous revenons à la maison, certains jours,
les larmes aux yeux, parce que les mots entendus font mal.
Mais, personne sur le terrain ne vous dira qu’il faut arrêter.
On ne peut pas arrêter.
Parce que dernière le statut, il y a un humain.

Peut-être vous direz-vous que je ne suis pas objective étant donné mon expérience, que
mon opinion est influencée par mes émotions.
Vous aurez absolument raison. Elle l’est!
Tout comme le débat.
C’est un débat émotif.
Un débat sur la peur de l’autre, la peur de perdre le contrôle, la peur de l’injustice.

Pour ma part, je prends position du côté de la bienveillance et du courage.
De quel côté vous placerez-vous?

Cynthia Brouillard
Conseillère en développement professionnel
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