Dans une récente chronique à Radio-Canada sur le retour en classe à l’ère de la COVID-19, le spécialiste en adaptation scolaire Égide Royer invoquait la grande vulnérabilité d’une catégorie d’élèves souvent négligée par les instances et les médias : les jeunes de plus de 16 ans. Trop vieux pour le secondaire s’ils sont âgés de 19 ans, trop jeunes pour les Centres d’éducation des adultes (CÉA) selon les critiques de plusieurs experts, ces élèves sont fortement prédisposés à (re)tomber entre les mailles du filet du système d’éducation.
Qui sont ces jeunes adultes à risque? Bien souvent, leur parcours scolaire – et de vie – est déjà alourdi par maintes embûches. Troubles d’apprentissage sévères, instabilité familiale, problématiques psychosociales telles que la toxicomanie ou encore défis reliés à l’immigration récente… On parle d’ailleurs de multiproblématiques puisque les facteurs associés au décrochage scolaire, bien souvent, s’accumulent.
Pour ces jeunes, la tentation de quitter le secteur jeune pour la Formation générale des adultes (FGA) se frappe souvent à une dure réalité : l’absence de ressources adaptées pour les accompagner dans la prise en charge de leurs nombreuses problématiques. On observe donc un phénomène de décrochage, voire de multidécrochage scolaire dont il est extrêmement difficile de briser le cycle tant les racines de l’échec sont profondes.
C’est d’ailleurs pourquoi des organismes communautaires ont mis en œuvre des milieux alternatifs de scolarisation (MAS) visant à raccrocher scolairement et socialement ces adultes marginalisés. Par exemple, à Saint-Hyacinthe, le projet La Marge – École de la rue porté par l’organisme Espace carrière permet depuis 10 ans à de jeunes adultes de reprendre leurs études secondaires dans un encadrement et un milieu de vie adaptés à leurs besoins. On retrouve au Québec une quarantaine de MAS aux modèles différents, mais aux approches similaires.
Une de ces approches est l’approche globale. Les MAS ont la particularité d’agir dans plusieurs dimensions de la vie de leurs élèves, que ce soit au niveau des besoins de base, de la famille, de la santé ou de leurs relations interpersonnelles, et ce, en fonction de leurs propres profil et historique personnel. Car il ne suffit pas, pour ces jeunes exclus, de les scolariser : il faut bien souvent reconstruire des ponts avec l’école, stabiliser des situations difficiles, briser les traumatismes, travailler en amont d’un éventuel retour dans le système scolaire régulier.
À l’AMASQ, nous sommes persuadés que ces organismes communautaires font partie de la solution pour permettre le raccrochage et le maintien scolaire des jeunes adultes et adultes fragilisés pour la prochaine année scolaire. Quand on sait que dans certains CÉA, entre 50 % et 70 % ont décroché de la FGA pendant le confinement¹, nous pensons qu’il faut agir au-delà de simples campagnes de sensibilisation ou l’ajout de ressources dans les centres. Il en va de l’intégration sociale et professionnelle de ces citoyens en devenir.
Vous connaissez un jeune adulte en situation de décrochage scolaire dans la région maskoutaine? Contactez l’équipe de La Marge! 450 771-4500
Marie-Pier Trudeau
Chargée de projet, Alliance des milieux alternatifs de scolarisation du Québec (AMASQ)
450 771-4500, poste 241
[email protected]
¹Données non officielles transmises par un répondant du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.