Avez-vous remarqué à quel point le « cadre » professionnel a complètement explosé dans les dernières années? Je trouve pertinent d’utiliser cette chronique pour aborder des réalités d’emploi qui sortent de l’ordinaire. Parce que si certains se sentent un peu perdus, d’autres s’épanouissent complètement dans ce nouveau terrain de jeu.
Au début de l’été, j’ai écrit sur le travail en « Vanlife » avec mon article « Travailleur Nomade Partie 1 ». Aujourd’hui, je vous présente une autre version de la vie de « nomade numérique ». Celle de Philippe et Paula qui passent tous les deux plusieurs mois par année à voyager dans différents pays tout en assumant leurs responsabilités professionnelles.
Philippe est infographiste 3D sénior et travaille dans le domaine du cinéma et de la publicité au Québec. Paula, elle, a son entreprise de production et de programmation cinématographiques en Colombie.
Philippe a commencé à travailler en mode Nomade il y a 3 ans, pendant la pandémie. Le télétravail étant obligatoire, il a tenté sa chance en demandant à son employeur de faire la même chose… mais en Amérique latine. Après une période d’hésitation et quelques négociations, ce dernier a fini par accepter. Philippe est donc parti travailler au Mexique pour un mois… qui s’est finalement transformé en quatre. Constatant que sa productivité restait au rendez-vous, son employeur n’a pas trouvé d’objection à ce qu’il reste à l’étranger.
Depuis, Philippe a travaillé de la France, de l’Allemagne, de la Croatie, des Pays-Bas et de la Colombie. C’est là qu’il a rencontré Paula.
Cette dernière m’a appris qu’il est absolument possible de gérer une entreprise à distance. Vive la technologie! En étant travailleuse autonome, Paula n’a eu personne à convaincre pour pouvoir partir, mais de son côté, elle doit s’assurer que ses clients restent satisfaits et que le lien de confiance n’est pas brisé par la distance. Elle fait donc le maximum, pour s’adapter aux besoins de sa clientèle et pour s’assurer de maintenir ses contrats autant que son mode de vie. Ce que la voyageuse trouve plus difficile c’est le sentiment de solitude. Lorsqu’elle parle à son équipe, c’est surtout pour le travail. Même si le boulot est toujours bien fait et qu’elle adore sa liberté, elle ressent parfois un manque de connexion. J’ai trouvé intéressant de l’entendre dire cela, puisque ça met en lumière l’importance que le travail joue dans notre vie sociale.
En dehors de leur situation personnelle, j’étais intéressée à avoir leur point de vue sur ce mode de vie, les choses à prendre en compte, le développement de l’offre touristique ailleurs dans le monde, etc.
Selon Philippe, pourvu qu’on ait un bon équipement technologique et un accès à une bonne connexion internet, on peut être tout aussi efficace en voyage. Ensuite, Paula m’expliquait qu’il faut considérer le décalage horaire dans l’équation. Si vous devez fréquemment échanger avec vos collègues durant la journée de travail, vous serez la personne qui devra s’adapter … si vous n’avez pas envie de vivre de nuit, choisissez votre pays de visite en conséquence. Bien entendu, il faut également faire preuve de discipline, parce que le contexte et l’environnement donnent tout sauf envie de travailler.
Lors de leurs voyages, le couple a pu constater qu’il se développait une vraie offre touristique pour les travailleurs nomades; preuve que c’est un mouvement important. Il y a par exemple de plus en plus d’auberges de jeunesse qui offrent des chambres individuelles et des espaces bureaux qu’il est possible de louer à l’avance. On trouve également des espaces de coworking un peu partout dans le monde. Cela facilite donc l’organisation du voyage et peut potentiellement aider à rassurer un employeur plus anxieux.
Si les emplois traditionnels sont encore la norme et, essentiel, il est réconfortant de voir qu’on normalise tranquillement des modes de vie hors du cadre, permettant à tous de trouver ce qui lui convient.
Cynthia Brouillard
Conseillère en développement professionnel
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