La « grande démission », l’autre pandémie

Pandémie, isolement, télétravail, éclosion; tous ces mots sont devenus presque banals au fil des derniers mois. Ils trahissent les nombreux bouleversements que la crise sanitaire occasionne dans toutes les sphères de nos vies. Au-delà des enjeux sanitaires, cette pandémie entraîne des répercussions importantes sur les valeurs des individus vis-à-vis du travail. Perte d’emploi, mise à pied temporaire, confinement, ou autres engendrent, pour certains, une occasion de réfléchir sur leurs aspirations professionnelles dans lesquelles ils souhaitent désormais évoluer. Une opportunité de redéfinir son X.

Alors que les employeurs peinent à recruter du personnel, ils subissent du même coup une vague de démissions d’une telle ampleur qu’on lui a donné un nom : « la grande démission ». Un phénomène né aux États-Unis et qui, telle une pandémie, s’est propagé rapidement dans d’autres pays et s’observe également au Québec.

Démissionner pour mieux se respecter et prioriser son bonheur. Ces départs viennent en lot! Ils ont un effet contagieux, sapent le moral des travailleurs en poste qui, de façon naturelle et normale, se questionnent à leur tour.

Je discute quotidiennement avec des gestionnaires d’entreprises. Leur ton a changé dans la dernière année. Je perçois du découragement, de la tristesse, mais une chose est évidente. Ils ont cette volonté de trouver des solutions tant pour leur besoin corporatif, que pour le mieux-être de leurs employés. Sans colère, plutôt résignés, ils perçoivent ces nombreuses démissions comme un message clair que le marché du travail évolue et qu’ils doivent s’adapter.

Des gestes tout simples qui font la différence

 

Il existe plusieurs déterminants de bien-être au travail sur lesquels les gestionnaires peuvent agir. Il suffit d’abord d’être authentique, intéressé et de démontrer une véritable considération pour son personnel. Le simple fait de questionner le personnel avec bienveillance constitue une bonne première initiative. Ça vous semble simpliste? Dans un quotidien surchargé où l’employeur jongle avec des défis complexes et stressants, les échanges s’articulent souvent autour de courtes formules de courtoisie. Or, un employé sera plus engagé, loyal et accompli s’il a le sentiment d’être véritablement considéré par son employeur.

Prendre le temps de partager un dîner, une pause-café, de s’informer de la performance des équipements de travail auprès du personnel d’usine ou de la charge de travail du personnel administratif, du niveau de stress de l’équipe des ventes, écouter et mettre en œuvre les recommandations, accueillir les idées nouvelles, en sont quelques exemples qui peuvent témoigner de la considération. Un employeur qui promet un voyage sur la lune alors qu’il a tout juste les moyens de quelques kilomètres d’autobus ne génère que déception et démobilisation. En termes simples : les bottines doivent suivre les babines !

Il faut reconnaître que certaines entreprises multiplient les initiatives afin d’humaniser leur pratique de gestion. Certains apportent des changements significatifs. Ils déploient un protocole d’accueil et d’intégration des nouveaux employés, ils valorisent activement l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, assouplissent et personnalisent les horaires de travail, mettent de l’avant des journées bien-être, entretiennent un climat de travail harmonieux ou font la promotion de la santé mentale.

Il est impératif d’agir sans tarder. N’attendez pas que tout revienne comme avant. Plus rien ne sera pareil, parce que la majorité des gens ne veulent tout simplement pas revenir en arrière.

Nous avons constaté dernièrement que les employeurs qui semblent éviter cette vague de démissions sont ceux qui ont misé sur le mieux-être et la mobilisation de leur équipe déjà en place. Pour eux, la pandémie a permis de créer un rapprochement avec les autres membres de l’équipe qui partagent une même réalité, des valeurs fortes et des objectifs communs. Cette épreuve a contribué à forger l’identité de l’entreprise et à consolider le sentiment d’appartenance des travailleurs.

Je crois sincèrement que le monde du travail possède une panoplie de solutions. Il faut uniquement ouvrir ses horizons, se permettre de changer d’avis et surtout d’être cohérent afin que tout le monde embarque et reste dans le même bateau !

 

Martine Lavigne, Conseillère en développement professionnel