La persévérance trouvée grâce aux ressources de notre milieu

Dans le cadre des Journées de la persévérance scolaire, nous avons choisi de laisser la parole à l’une de nos élèves dont l’écriture est une passion. Voilà le texte de Cynthia Labonté.

 

J’ai franchi le seuil de la porte de l’Auberge du cœur Le Baluchon, pour la première fois alors que je n’avais que 14 ans. Je me souviens qu’une jeune femme souriante m’avait tendu un dépliant renfermant les règles de vie et les horaires. Plus elle me l’expliquait, moins intéressée je devenais; mais l’idée de retourner chez moi était encore moins miroitante à mes yeux. Trois jours plus tard, je franchissais donc de nouveau la porte de l’Auberge, cette fois chargée comme un chameau, prête à affronter ce que la vie pourrait s’amuser à mettre sur mon chemin.

J’ai rencontré dans mon passage à l’Auberge du cœur Le Baluchon des gens qui ont changé ma manière de voir les choses, des gens qui m’ont fait évoluer. Il y a aussi ceux qui m’ont fait perdre patience et surtout des situations qui m’ont forcée à me regarder dans le blanc des yeux, face à une vérité parfois dure à assimiler. À cette époque, l’école était très basse dans mes priorités, ce que je regrette amèrement aujourd’hui.

« Apprendre à se pardonner soi-même des erreurs commises par manque d’expérience. »

Un dicton que je m’efforce d’appliquer dans ma vie de tous les jours. Parfois, la personne dans notre vie qui mérite le plus d’indulgence, c’est nous. À 16 ans, j’en étais déjà à mon deuxième séjour au Baluchon. Mais, même lorsque je n’y résidais pas, je m’impliquais à 110 % dans les projets extracurriculaires que l’établissement offrait, j’assistais même aux assemblées générales annuelles. Ça y était. J’avais la piqûre. J’avais découvert en moi un besoin presque vital d’aider, peu importe comment.

« J’ai découvert le thrill d’aider autrui avant même d’arriver à m’aider moi-même. »

Éducation spécialisée… On avait donné un nom, une profession qui mettrait en lumière mon syndrome de sauveur à la Robin des Bois. Trouver ce que l’on veut faire dans la vie et faire ce que l’on veut sont deux choses complètement différentes. C’est comme la construction d’une maison. Il faut des outils, les matériaux nécessaires et un entrepreneur qui a la situation en main. Cet entrepreneur, c’est vous, c’est moi, et quand on n’arrive pas à manier un marteau, on est mal parti.

Le jour de mon dix-huitième anniversaire, un jour où j’aurais dû célébrer et m’amuser, un météore a fait éclater ma vie en mille et une miettes. Je ne pouvais plus retourner chez moi. C’est pour des moments comme celui-là que l’Auberge du cœur Le Baluchon et tous les endroits qui lui ressemblent sont indispensables dans notre société.

« C’est en touchant le fond que l’on peut se donner un élan pour refaire surface. »

Pendant 7 mois et demi, j’ai cohabité avec plein de genres de personnes, eu plein d’opportunités d’amitiés et des conflits également. J’ai fini par me départir de cet endroit qui m’a vu grandir, des larmes furent versées, mais j’étais ailleurs… Je devais quitter le nid. J’ai ensuite changé de logis presque chaque 9 mois à 1 an jusqu’à ce que ma vie ne vienne qu’à se calmer.

Je suis aujourd’hui une élève de La Marge-école de la rue chez Espace carrière. J’y retrouve une chaleur et un accueil semblable à celui de l’Auberge du cœur Le Baluchon. J’essaie de rattraper le temps perdu. J’emmagasine les expériences et le savoir comme un écureuil collectionne les noix avant l’hiver. Je me demande de quoi aura l’air la suite.

C’est si excitant, vous ne trouvez pas!

 

Cynthia Labonté, étudiante à La Marge-école de rue, chez Espace carrière.

Article écrit dans le cadre des Journées de la persévérance scolaire.